Fernand Legout-Gérard – Vue de Concarneau
Une fois n’est pas coutume, j’ai acquis ce livre après le passage de l’auteur à La grande librairie. Je préfère souvent attendre, ne pas me précipiter. Voir ce que la suite nous réservera. Pas cette fois. J’étais intriguée par Alexandre Postel à la voix douce et au regard un peu canaille l’air à la fois sûr de soi et de se moquer un peu du monde. Complice de Daniel Pennac autour de qui l’émission était construite.
J’aime beaucoup les romans biographiques, les histoires autour d’un personnage ayant existé mais dans lesquelles sont cousues des anecdotes qu’on dirait vraies, des gros mensonges qui n’en sont pas et des états d’âmes dont on ne sait pas grand chose. Encore plus quand il s’agit d’un écrivain. Ma lecture en cours est d’ailleurs le dernier livre de Pierre Assouline Tu seras un homme, mon fils. Pas la peine de vous dire de quel écrivain il s’agit.
Revenons à notre ouvrage. Je connais assez peu Gustave Flaubert, n’ayant lu de lui que ce que le collège m’a imposé il y a 35 ans. J’ai encore au fond d’un carton la version Livre de Poche de Madame Bovary. Et j’ai du tourner les pages de Salammbô et de L’éducation sentimentale. Sa vie, quant à elle, m’a totalement échappée.
Un automne de Flaubert raconte cet automne de 1875 pendant lequel Flaubert, inquiet pour sa survie financière, doutant de ses capacités et de son envie d’écrire, décide de prendre le large. Il n’ira nulle part où il peut être logé, mais à Concarneau.
Il ne se passe quasiment rien dans le livre, du reste assez court. Mais de ce rien Alexandre Postel tisse une atmosphère palpable, faite d’attentes, d’ennui et de contemplation. On ne sait jamais où commence la réalité et où démarre la fiction. Comme lorsque que Gustave Flaubert, ayant un peu de temps à perdre, se promène dans le cimetière. Entendant des bruits incongrus derrière le mur, il grimpe sur une tombe pour avoir confirmation de l’origine de ces râles. Le nom inscrit sur la tombe est Octave Faubert.
C’est un trio de Georges qui va « sauver » Flaubert : Georges Pouchet, le directeur du laboratoire maritime de Concarneau. Qui par ses dissections précises de crustacés va remettre l’esprit de Flaubert en route. Ensuite Georges Pennetier, ami du premier et conservateur du museum d’histoire naturelle de Rouen. Et enfin, la George sans « s », l’amie fidèle George Sand pourvoyeuse de conseils, l’exhortant à sortir de cette forte mélancolie, destinataire d’une partie de ses lettres, ses seuls écrits pendant quelques semaines.
Mais laissons parler l’auteur :
« Dans une flaque flotte un petit crabe au dos verdâtre. »
« Simple et nécessaire, la mer accueille toutes les douleurs. Elle n’offense pas les âmes fatiguées. »
« … le savant naturaliste est une version réussie de l’écrivain… »
« Le détail historique, l’exactitude archéologique, ces choses-là sont accessoires et ne suffisent pas à produire du beau ; souvent même, elles en détournent… »
Dernière phrase :
« Seule compte l’oeuvre accomplie, se dit-il en éteignant la veilleuse ; le reste appartient aux ténèbres. »
Un automne de Flaubert – Alexandre Postel ; Gallimard, 2020
