Auteurs de Sicile – 3 – Giovanni Verga

Poursuivons notre tour de la Sicile par ses auteurs. Après Andrea Camilleri le « père » du Commissaire Montalbano et Giuseppe Tomasi di Lampedusa, l’auteur du Guépard, voilà une brève présentation de Giovanni Verga, le principal représentant du vérisme, courant littéraire italien de la fin du XIXème siècle, issu du naturalisme.

Il y aurait tant à dire, mais je me contenterai ici de vous pousser à la curiosité. Je demande donc aux puristes du sujet de vouloir me pardonner les raccourcis ou les oublis.

De Vizzini à Florence

Il semblerait que Giovanni Verga soit né à Vizzini dans la province de Catane le 2 septembre 1840. Sa date de naissance reste sujette à discussion ; en effet, à cause du choléra qui sévissait alors à Catane, sa famille a quitté la ville pour leur maison de Vizzini où Giovanni verra le jour, prématuré. On dit aussi qu’on a pu le confondre avec son frère aîné, mort à la naissance en 1839, lui aussi appelé Giovanni comme cela se faisait à l’époque.

Sa famille est aisée, d’origine aristocratique, de lointaine ascendance espagnole par le père (Verga vient de Vegas). Il est élevé dans une certaine ouverture d’esprit aux idées nouvelles, avec ses deux frères aussi, Mario et Pietro.

Il va au collège de Don Antonino Abate, écrivain et fervent républicain qui lui donnera la goût de la littérature. Il y découvre Dante, Pétraque, Arioste ou Le Tasse. Mais aussi il l’initie au roman de Domenico Castorina, un poète et lointain cousin.

En 1856-1857, il écrit son premier roman L’amour et la patrie (Amore e patria), non publié.

En 1860, Giovanni Verga s’enrôle dans la garde nationale nouvellement instituée pour mater les troubles agraires suscités par le mouvement garibaldien. Mais peu enclin à suivre la discipline militaire, il quitte la garde nationale, moyennant le paiement d’une taxe à la Trésorerie de la Province.

En 1861, il s’inscrit à la faculté de droit de Catane, mais sans grandes convictions. Il préfère la littérature ou le journalisme politique. Cette même année, il publie, à ses frais (en réalité, avec l’argent donné par son père pour ses études) I carbonari della montagna, un roman historique inspiré des actions des carbonari calabrais contre le despotisme napoléonien de Murat. A la même époque, il fonde un hebdomadaire, participe à d’autres revues dans lesquelles il publie plusieurs nouvelles. Notamment L’Italia contemporanea sur laquelle il publie sa première nouvelle vériste, Casa da thè.

En 1865, il effectue son premier voyage à Florence, capitale du royaume et haut lieu intellectuel et littéraire. Il y fréquente les écrivains et salons littéraires, s’y installe en 1869 mais réalise assez vite que sa culture est trop provinciale pour y être reconnu comme écrivain. En 1871, Giovanni Verga publie Storia di una capinera qui n’aura que peu de succès. Ses années florentines lui ont auront cependant permis de rencontrer les artistes, intellectuels, hommes politiques du moment.

Les années milanaises

Il arrive à Milan en 1872, où il séjournera régulièrement jusqu’à son retour définitif à Catane en 1893.

Là, il fréquente le salon Maffei, où il rencontre les principaux représentants du second romantisme lombard, mais aussi Felice Cameroni avec qui il entretient une correspondance, intéressante autant pour ses idées sur le vérisme ou le naturalisme que pour ses analyses des romans contemporains, de Flaublert à Zola.

Il publie dans ces années Eva (1873), Nedda (1874), Eros et Tigre royal (1875). Tous, sauf Nedda, appartiennent à un genre d’idéalisme romantique.

Jusqu’à sa mort, qui survient le 27 janvier 1922 à Catane, Giovanni Verga publiera plusieurs nouvelles, dans des revues ou sous forme de recueil, quelques romans, mais aussi des oeuvres pour le théâtre dont le plus connu fut Cavalleria rusticana, joué pour la première fois à Rome en 1890.

Le cycle I vinti : I malavoglia et Mastro-don Gesualdo

Giovanni Verga opère un véritable tournant avec I Malavoglia, son oeuvre probablement la plus connueCe roman est le premier d’un cycle de 5 romans intitulé I vinti (Les vaincus) qui à l’origine devait s’appeler La marea. Chacun des romans devait aborder le progrès de la société du point de vue des « perdants », à chaque niveau de la société, de la plus basse à la plus aristocratique. Dans I Malavoglia, le premier, les protagonistes sont donc des petites gens qui luttent pour survivre, une famille de pêcheurs qui vit et travaille à Aci Trezza sur la côte près de Catane.
Ce premier roman parait en 1881 et ne rencontre qu’un succès d’estime.

Le second roman du cycle, Mastro-Don Gesualdo (1889), met en scène un maçon enrichi par son dur labeur, mais incapable de se libérer de la tutelle de l’aristocratie historique. En 1895, Giovanni Verga entame des recherches sur les costumes pour le 3ème roman du cycle, La Duchessa de Leyra, dont il n’écrira pour finir qu’un chapitre et demi.

Giovanni Verga expliquera son incapacité à terminer son cycle à cause de la difficulté de maintenir l’impersonnalité nécessaire face à des classes aristocratiques qu’il fréquentait.

La reconnaissance du milieu artistique et littéraire

Nous avions laissé Luchino Visconti avec Giuseppe Tomasi di Lampedusa, proposant une adaptation magistrale du roman Le Guépard. C’est avec l’adaption d’I Malavoglia que nous le retrouvons. La terre tremble (La terra trema) sorti en Italie en 1948 (en 1952 en France). Sans grand succès : trop long, trop lent et surtout incompréhensible pour tous ceux qui ne parlaient pas le sicilien d’Aci Trezza, langue dans laquelle a été tourné le film avec des gens du village, qui n’étaient pas acteurs.

Plusieurs autres réalisateurs adapteront des nouvelles ou romans de Giovanni Verga dont le plus connu sans doute est Franco Zeffirelli. Il proposera Cavalleria rusticana, un film-opera, en 1982 et surtout Storia di una capinera en 1993 avec Vanessa Redgrave.

En 1920, pour ses 80 ans, Giovanni Verga reçoit un hommage national au théâtre Massimo Vincenzo Bellini à Catane en présence du Ministre de l’Instruction Publique Benedetto Croce ; le discours est fait par Luigi Pirandello qui sera le prochain auteur que je présenterai la semaine prochaine.

Storia di una capinera (1993) di Franco Zeffirelli con Vanessa Redgrave, ispirato al romanzo omonimo.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Post